FÉLICITATIONS !
Vous avez trouvé un des icônes cachés dans le site menant à l’un de mes textes !
Bonne lecture! 🙂
LE VIEUX VÉLO
Aidez-moi, je vous en prie, sortez-moi de ce garage.
Je suis là malgré moi et suis rongé par la rouille.
Je sais que je ne suis plus très beau mais, malgré mon grand âge,
Mon cœur reste léger et rêve de nouvelles vadrouilles.
Je me souviens du rire des enfants, des cotes ardues.
Je me souviens des cabrioles, des courses folles et des chemins pentus.
Que l’on me pose contre un arbre ou que l’on me jette à terre,
Je restais toujours impatient à l’idée d’une nouvelle aventure.
Je roulais fièrement ne craignant ni la pluie, ni le tonnerre.
Pouvant tout supporter : le poids, les bosses, les rayures.
J’étais un noble destrier, une fidèle monture.
Je transportais dans mes sacoches des montagnes de trésors :
De blancs cailloux, des feuilles mortes, des roudoudous, de blondes brioches. Je me voyais conquistador.
Puis, les enfants ont grandi et de leurs rires ne me reste qu’un écho.
J’ai servi ensuite une mamie car je n’étais plus qu’un vieux vélo.
Ils disaient de moi que je n’étais qu’un tas de ferraille.
Et ces mots m’ont fait mal jusque dans mes entrailles.
Alors sur moi s’abattit le plus grand des orages
Lorsqu’ils me rangèrent dans l’ombre de ce garage.
Adieu les jeux, adieu marmaille .
Mes rouages se meurent, oui, je me fais vieux et je perds la bataille.
Mais, s’il vous plait, juste une dernière fois,
Refaites moi gravir le chemin des rois d’autrefois.
Je donnerais mes engrenages, mon guidon, mes pédales
Pour sentir à nouveau le gravier crisser sous mes roues dans une ultime cavale.
Je vous attends, je suis là, sous mes toiles d’araignée à guetter vos pas.
Marianne Serié